vendredi 2 août 2013

Le jour où Stephan Zweig m'a déçu

Après Vingt-Quatre Heure de la Vie d'un Femme, je me suis jetée à cœur perdu dans l’œuvre de Stephan Zweig. Ce livre est un chef d’œuvre qui ne se contente pas de nous raconter une histoire mais qui nous la fait vivre avec une telle force, une telle émotion! 

 

Et j'ai acheté Amerigo, La confusion des sentiments et Les Très riches heures de l'humanité.

 

J'avais lu, en effet, qu'il avait voulu vulgariser l'histoire en s'attaquant à des biographies (Fouché, Magellan, Marie-Antoinette pour ne citer qu'eux) en plus de ses nouvelles et autres pièces de théâtre. C'est un homme prolixe, talentueux, un érudit qui souhaitait que le savoir soit universel.

 

C'est donc avec allégresse que j'ai ouvert Les très riches heures de l'humanité.

 

Stephan Zweig a choisi de "faire revivre quelques-unes de ces heures survenues aux époques et dans les contrées les plus diverses et qui, semblables à des étoiles, brillent d'un éclat immuable au delà de la nuit de l'oubli." J'ai trouvé ses choix intéressants, évidemment ils peuvent être contestés. Il y a une part de subjectivité qui entre forcément en compte lorsque vient le temps de faire le tri des moments qui méritent, ou non, d’être racontés. Mais, ce qui est intéressant, c'est que derrière ces choix, transparait sa personnalité (il a lui-même beaucoup voyagé).


On pourrait classer ses choix entre plusieurs groupes :


Les artistes :

Haendel, Rouget de Lisle, Goethe, Dostoïevski et Tolstoï.

 

Les conquêtes/découvertes :

L’océan Pacifique, L'Eldorado, La liaison télégraphique entre l'Europe et l'Amérique et le Pôle Sud.

 

Les défaites :

La chute de Constantinople et Waterloo.

 

Inclassable : (il en faut toujours un!)

Le wagon plombé (Lénine).

 

 

J'ai aimé qu'au sein de ce petit ouvrage, il regroupe, tout d'abord des siècles, des hommes et des continents différents, et surtout qu'il fasse montre de tout son talent en nous proposant un échantillon de ses différents styles de prédilection. Ce que j'entends par là, c'est que pour raconter la grâce de Dostoïevski par le tsar, il le fait au travers un long et majestueux poème. Quand au dernier acte de la vie de Tolstoï, il nous le présente sous forme théâtrale. J'ai trouvé ce mélange des genres audacieux.


J'ai retrouvé ce que j'avais aimé chez lui : ses mots tumultueux et vifs, son style fougueux et exalté. J'ai voyagé dans le train du temps passé, dans des endroits où jamais je n'irai. Mes histoires préférées sont celles qui concernent la "découverte" de l'océan Pacifique et du Pôle-Sud. Mon coté aventurière (du canapé) peut-être? 


Mais, et oui, il y a un mais, je regrette sa vision manichéenne et misogyne qui parfois m'ont réellement bloquée.

Je m'explique. Pour Stephan Zweig, il y a les bons et les méchants d'un coté, point. Et ce manque de recul est flagrant lorsqu'il raconte la chute de Constantinople. Je conçois qu'il ait un avis et qu'il prenne parti, c'est son œuvre j'en conviens. Néanmoins, il lui manque le recul et la neutralité que le traitement de certains événements méritaient (il ne justifie pas ses prises de position... comme si sa pensée était la pensée universelle).

De plus, lorsqu'il s'en est venu à nous présenter la découverte de l'Eldorado voilà ce qu'il écrit : "Huit jours après, le secret est trahi : une femme - toujours une femme! - a conté la nouvelle à un passant quelconque (...)". Mmmmm. La femme n'apparait que peu de fois dans ce livre, et si c'est pour être présentée comme une personne à qui l'on ne peut se fier...

Je vais continuer la lecture de ses ouvrages bien évidemment!! Je ne souhaite pas rester sur ce sentiment mitigé.

Bien à vous.



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