mardi 13 août 2013

Et alors, le couvent, c'est comment?

Voilà, c'est fini. J'ai le cœur gros en écrivant ces quelques lignes, car j'ai passé un séjour absolument formidable dans mon couvent breton.


Qui l’eut cru? 



Certainement pas moi il y a encore quelques semaines. J'ai fait le choix sage et raisonnable de consacrer mes vacances à ma thèse. Sur Paris, j'ai un magnifique centre de recherches, mais fermé au mois d’août. Les horaires des bibliothèques passent en mode été, ouvertes de 13h à 15h... Sauf la BNF, et certainement quelques autres irréductibles. Mais passer l'été à Paris enfermée dans une bibliothèque, quelle triste perspective!


Alors j'ai opté pour le couvent breton. Pour le calme, le rythme de vie plus paisible : pas de potes pour (au choix) aller boire un café, aller au cinéma, aller se poser dans un parc, aller marcher dans Paris, aller faire du sport, aller voir la dernière expo de tel musée parce qu'il parait qu'elle déchire, aller au restaurant, aller faire du shopping.... Toutes ces choses absolument nécessaires à ma vie de parisienne en temps normal, mais que là, je voulais fuir (oui même au mois d'aout, il y a encore un milliard de choses à faire sur Paris, et le beau temps est une tentation supplémentaire).


Couvent vu de la place du village

Pour ma thèse, ce changement d'environnement semblait être une bonne idée : il me fallait un second souffle. Un changement radical pour faire renaitre la passion du début, que le quotidien avait sérieusement émoussé. Quelque chose qui me booste, qui me redonne confiance en moi et en ma capacité à mener ce projet un peu fou qu'est le doctorat.



Quand j'ai dit à mon entourage que je partais en couvent, la première réaction était de me déclarer définitivement folle. Et puis, je leur expliquais mes raisons et ce que j'attendais de ce séjour. Alors ils devenaient curieux.





Certaines questions sont revenues souvent :

 

 

 

Où donc as-tu été chercher une idée pareille?

 

et

 

Pourquoi ce couvent en particulier?

 

 

 

 

 

 

 

Couvent vu du canal

J'avais l'impression d’être dans l'impasse pour ma thèse, que le temps était un ennemi, que je ne savais plus comment faire pour travailler efficacement. Dans ces moments-là, internet est ton meilleur ami. J'ai tapé dans la barre de recherche un agencement de mot du type "travailler au calme" ou "réviser efficacement", et comme on était en période de bac, il y avait tout un tas de sites qui donnaient les bons conseils, et ils parlaient parfois des révisions en monastère. Il y avait une liste d'endroits accueillant des jeunes, et j'ai regardé. Au départ, avec une certaine perplexité. Et puis, j'en ai trouvé un, celui où j'ai été, qui me semblait bien, et qui correspondait à ce que je cherchais. J'ai appelé, j'ai posé des questions. Et c'était bon. 

 

 

 

 

 

 

 

Un jour avant de partir, je ne faisais pas la fière, je ne savais pas à quelle sauce j'allais être mangée. J'avais peur de passer d'interminables semaines recluses dans les terres bretonnes. Les questions de mon entourage ne faisait qu'accroitre mon inquiétude :





Mais tu auras le droit d'envoyer des textos? 

Comment tu vas faire sans internet pendant deux semaines?

 Tu vas devoir manger en silence, hein? 

 Au milieu de la campagne, ça se trouve tu n'auras même pas de réseau, pas de bol.

Tu vas devoir te lever tout les jours à 5h pour aller à la messe? 

 

 

 

 

Ce n'est pas une prison, c'est un couvent, nuance. 

 

Oui, j'avais le droit d'envoyer des textos (je sais, c'est dingue hein), j'avais une meilleure connexion wifi que chez moi à Paris, non, je ne mangeais pas en silence, je dirais même qu'on en a fait du raffut, si, il y avait du réseau, même au milieu de la campagne quand je me retrouvais entourée de vaches, et non, je ne me lèvais pas à 5h, encore moins pour aller à la messe. J'avais ma propre chambre, mes propres toilettes, ma propre salle de bain.




Vitrail de l’église Saint-Gilles

Bien sur, il y a des règles à respecter. 

 

Des règles basiques dès lors qu'on vit avec des gens. On doit être à l'heure aux repas (8h, midi et 19h), on aide à débarrasser le couvert. Il n'y a pas de couvre-feu, on doit simplement respecter la quiétude des autres hôtes et ne pas chanter les 2be3 à tue-tête dans les couloirs à 3h du mat'. Et on doit aller à un office par jour. Il y en a qui dure un quart d'heure d'autre une heure. N'étant pas catholique, donc encore moins pratiquante, je pensais que cette partie serait contraignante. Même pas. J'allais aux vêpres tous les soirs à 18h30. C'était un moment paisible avec de la musique. Et puis, à partir du moment ou je vais dans un couvent, je considère que je dois jouer le jeu, question de respect, tout ça.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les vaches du canal

Une autre règle : tous les hôtes mangent ensemble. Moi j'ai aimé. Ça change de l'anonymat des hôtels, où chacun est de son coté. Ça bouge tout le temps, les gens viennent et repartent. J'ai rencontré des gens très différents, avec leur histoire, leur personnalité. Il y avait aussi une autre étudiante. On a bien rigolé, j'ai eu l'impression de retrouver l'ambiance des repas de colonies de vacances de mon enfance.



Mon travail a avancé. Oui, et je suis re-motivée et gonflée à bloc après ce séjour.













Conclusion : 

le couvent, c'est canon,

la Bretagne, c'est beau,

j'aime ma thèse.

(la vie est belle, tout ça quoi)

 

  • Peintures au plafond de l’église Saint-Gille

     


5 commentaires:

  1. Je ne savais pas qu'on avait le droit d'aller dans un couvent juste comme ça. Je pensais que c'était réservé aux religieuses et/ou religieux. Cela dit, j'imagine que ça doit faire du bien, ça me fait un peu penser à une cure de detox, rien de superflu, que le nécessaire, du calme...
    Bref, j'ai bien aimé te lire lorsque tu nous racontais ce que tu faisais là-bas, en plus des jolies photos bien entendu :-)

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  2. Les religieuses ouvrent de plus en plus, et reçoivent pas mal d’hôtes. Je le conseille fortement, c'est un bon moyen de se ressourcer. Merci d'avoir suivi mes aventures au couvent!

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  3. C'est une idée originale en tout cas le couvent breton !Parfois, c'est bien de sortir de l'agitation et de retrouver un peu le calme, là où le temps n'est pas ton ennemi.
    Je viens aussi d'un petit village breton (de 2000 habitants) assez isolé en bord de mer et je sais que ca m'a toujours aidé pour écrire mes différents mémoires de master (pas e tentations extérieure !)
    Bon maintenant, il faut que je lise les autres atres articles de ton blog car cet article a vraiment piqué ma curiosité !

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  4. Désolée j'ai eu un peu de mal pour poster mon commentaire, je suis l'auteure du salon de thé sur Hellocoton :) http://www.salondetheberlinois.com/

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    1. hé! ravie d'avoir piqué ta curiosité!! même si le reste de ma vie est beaucoup moins original que mon interlude bretonne dans un couvent!!!

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