vendredi 17 janvier 2014

Marseille, ils disent tant de chose sur toi...

"Marseille,

ils disent tant de choses sur toi, à la télé, à la radio, dans les journaux...

Tout ce sang, toute cette violence. Tu apparais, aux yeux des autres comme une erreur, une verrue qui gâche ce pays qu'ils pensent parfait. Cette ville que l'on voudrait cacher et qui s'obstine à exister, à faire la une, pas pour les bonnes raisons.

Marseille,

tu sais d'où je viens. De Paris. Oui, de là où il semble que tu ais le plus détracteurs. Enfant, j'ai été bercée par cette soi-disant rivalité entre ces deux villes. Cette tension entre ce nord et ce sud qui ne se comprennent pas, si différent. Et pourtant.

Je sais bien que trop souvent "différence" se fait synonyme de "peur" et de "rejet". Pas chez moi. 

Alors, moi, la parisienne, j'ai voulu te rencontrer. J'ai voulu te voir. Te sentir, te ressentir, savoir, connaitre, et juger.

Je t'aimerai, ou je détesterai. Je ne savais pas d'avance, mais ce choix serait le mien, non pas basé sur la une du 20minutes un lundi matin, mais sur mon ressenti.

Cette année, tu étais Capitale européenne de la culture.

Et je t'ai vu. Je t'ai vécu.

Et tu as fait volé tous les préjugés.

Et pourtant, ce n'était pas gagné. Tu aurais du entendre toutes les choses qu'on m'a dites. Ou plutôt non. Je sais que tu es forte, mais tu aurais été triste d'entendre toutes ces choses.

Ils m'ont dit que j'étais inconsciente, que j'étais folle. Que c'était risqué. Que là-bas, la banlieue n'est pas reléguée à la périphérie, mais qu'elle est la ville entière. Qu'il y a des ordures partout. Que c'est moche. Que je ne reviendrais pas vivante. J'ai fini par flipper. Par céder aux sirènes "sécuritaires". Je me suis inquiétée. De plus, je te découvrais le soir tard, ton métro, tes quartiers. Ils m'ont fait peur. Mais pas toi. Non, toi tu m'as accueillie tranquillement, chaleureusement. Tu m'as laissé repartir dans la capitale avec mon portefeuille, et surtout avec de bons souvenirs, avec le sourire.

Le premier cliché que tu as fait tombé concernait la météo. Oui, qu'as-tu fait de ton soleil? Je t'ai découverte sous mon parapluie. Il a plu, il a plu, encore et encore. J'ai peut-être eu maximum 2h de non-pluie... Le temps d'aller voir la Bonne mère. La-haut, perchée sur son monticule. Tu sais, moi aussi je viens d'un pays de la mer, là où il y a des marées, alors forcément tes ex voto de bateaux, ça me parle, ça me touche.

Il pleuvait, et pourtant, je ne t'ai pas trouvé sale, ni grise, ni aigrie, ni triste, ni "insécuritaire".

Tu vas me dire que je n'ai fait que les trucs de touristes. Bien sur. Tu as raison. Mais je t'assure que tous les quartiers de Paris n'ont pas le glamour que Woody Allen leur confèrent dans Midnight in Paris. Pas besoin de passer le périph' tu sais pour que l’émerveillement s'émousse.

Et pourtant, je t'assure, sans te connaitre à fond, sans avoir découvert les "quartiers nord", j'ai pas mal vagabondé avec mon parapluie et Super Copine, j'ai aimé tes odeurs, tes épices, tes montées, tes descentes, ta pluie, ta mer, ton port, tes musées, tes églises.

Je ne dis pas que tu es parfaite. Tu en connais toi une ville parfaite, non? Ba voilà.

Ils disaient que toi et moi on n'avait rien en commun, que je te fuirais sans regret. 

Quand je vois toutes ces unes, cela m'attriste pour toi. Marseille, tu ne mérites pas ça. 

Marseille,

Je reviendrai te voir."

 

Article que j'avais choisi pour le blog de ma cousine, Des petits papiers, lorsqu'elle m'a laissé tribune libre!

Bonne journée!


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